Le chien de pique
Il soulevait la pellicule qui recouvre les choses
Du bout de ses crocs délicats.
Vagabond à l'histoire
Sans laisse sans cesse
Mon chien de désespoir.
Il cherchait une issue dans les reflets divers.
La truffe de la mémoire est encore fraiche,
Sur ma joue.
Un cœur rose palpitait à la place du soleil.
Le chien noir aboyait,
Mordant l’air glacial pour s’abreuver
D’émois.
Les choses détrompées, inertes et mates,
Se mouvaient sous l’averse de luxe.
La ville apportait son cortège d’ennui,
Et la grande figure de cire grise
Occupait la place du temps
Ou s’était tenu
Le meeting des amours défaites.
Le chien noir avalait les larmes
confuses des oubliés.
Les transis se tenaient par le cœur,
Leurs imperméables de mise
Lunaire, sous l’essuie-glace
De l'innocence,
Luisaient dans le soir.
Le chien de pique lissait,
A coup de langues hypnotiques,
La bourre de son pelage magique,
Jusqu’à disparaitre
Dans la flaque d’eau
Du square.